4.1 Donner un nouveau souffle à la politique industrielle

L’industrie est l’ADN de l’économie wallonne depuis presque 200 ans, nous devons en refaire une force. Une politique industrielle active, basée sur les pôles de compétitivité, est mise en œuvre depuis presque 15 ans. La transformation est à l’œuvre. Mais elle doit s’accélérer et s’étendre dans tous les secteurs industriels. La R&D et l’innovation doivent trouver une place encore plus grande au cœur de chaque entreprise.

Constats

Comme la Commission européenne le résumait dans une communication de 2011 : « L’industrie européenne revêt une importance cruciale pour l’UE en tant qu’acteur économique mondial. Une industrie compétitive peut abaisser les coûts et les prix, créer des produits nouveaux et améliorer la qualité, apportant ainsi une contribution déterminante à la création de richesses et à l’accroissement de la productivité dans l’ensemble de l’économie. L’industrie est également la source clé des innovations requises pour relever les défis sociétaux auxquels est confrontée l’UE.»

La Wallonie, terre industrielle par excellence, doit tenir sa place dans le renouveau de l’industrie européenne, d’autant plus que dans une économie ouverte comme l’est l’économie wallonne, le niveau de vie de la population dépend étroitement du dynamisme des exportations industrielles, sans compter les retombées indirectes que l’industrie entraîne sur l’emploi et la diffusion de l’innovation.

L’Europe a fixé à 20% l’objectif de la part de l’industrie dans le total de l’économie. En Wallonie, cette part est actuellement de 15%. La tâche est ambitieuse et doit continuer à rester une priorité comme ce fut le cas dans les plans Marshall successifs qui ont chaque fois donné une place importante à la politique industrielle, incarnée par les pôles de compétitivité. Mais il ne faut pas oublier les efforts déployés en matière de R&D et d’innovation, de formation ou d’aménagement du territoire.

Ces efforts doivent être impérativement poursuivis, sans une industrie forte, pas de redressement de la Wallonie.

La mesure que nous proposons dans ce cadre se concentre sur la politique des pôles de compétitivité, mais, encore une fois, le déploiement de l’industrie wallonne dépend de la réalisation des autres défis présentés dans ce mémorandum.

Mesures

Une nouvelle étape dans la politique des pôles de compétitivité :

  • Les pôles ont répondu aux attentes et demandes des entreprises au cours des 12 dernières années. Ils ont lancé beaucoup d’initiatives qu’il conviendrait de mettre en cohérence pour répondre plus directement aux missions premières des pôles.
  • Rappelons que trois missions avaient été dévolues aux pôles :
    1. Stimuler l’activité de R&D et d’innovation dans les entreprises pour augmenter la valeur ajoutée et l’emploi du secteur.
    2. Veiller à ce que, à travers les formations professionnelles, les entreprises puissent compter sur une main-d’œuvre qualifiée pour leurs nouveaux défis.
    3. Contribuer à l’internationalisation du pôle et des entreprises-membres.
  • L’UWE souhaite que la première mission – soutien à la R&D et l’innovation – soit la mission prioritaire des pôles. En effet, dans le paysage wallon des instruments de soutien aux entreprises, seuls les pôles accomplissent cette mission. Les pôles doivent donc développer encore plus les activités de soutien liées à la R&D et l’innovation, en s’appuyant notamment sur la constitution de Think tank (anticipations et prospectives), de réseaux technologiques, de projets R&D de rupture (avec valorisation des résultats), de plateformes de recherche interuniversitaires, de plateformes technologiques, de créations de startups.
  • Pour les deux autres missions (formation et internationalisation), il faut assurer la cohérence des pôles avec les autres acteurs du domaine (fédérations, FOREM, centres de compétence pour la formation, AWEX pour l’internationalisation).
  • Si l’animation du réseau des entreprises est importante pour l’accomplissement de ces missions, le moyen ne doit pas être une fin. L’animation doit être au service des trois objectifs, et non au service d’elle-même.
  • L’activité de soutien, d’accompagnement à la R&D et d’innovation de différents pôles pourrait être concentrée afin d’atteindre une masse critique plus importante et ainsi, entre autres, atteindre une plus grande efficacité grâce aux économies d’échelle, et éviter les concurrences inutiles.
  • L’efficacité des pôles sera renforcée par un regroupement des pôles dans un même lieu. Dans un plus court terme, il faudrait établir des règles précises de coordination entre eux.

Depuis leur création, la vie des pôles est empoisonnée par l’incertitude sur leur financement. Les conditions de financement des pôles devraient être établies pour toute la durée de la législature, en conformité avec les règles européennes.